Smartphone sur la ligne
Le wagon est garni de voyageurs assis
Transformés en statues au regard ébloui
Par un écran bleuté placé entre leurs mains,
Comme un objet sacré qui guide leur destin
Le métro les transporte de station en station
Aucun arrêt pourtant n’attire leur attention.
Le trajet n’est plus qu’une habitude monotone
Qu’ils ne voient plus filer, les yeux sur leur Smartphone.
Ils n’entendent déjà plus le grincement des roulis
Hurlant dans le tunnel entre ces deux murs gris.
Le fil des écouteurs se contorsionne tel
Un serpent bicéphale sifflant dans leurs oreilles.
Les intentions varient dans un même regard,
Les yeux des plus crédules brillent du grand espoir
D’apporter à leur vie une minute de gloire,
Tremblement légitime d’un frisson dérisoire.
D’autres s’en vont chercher sous des cieux virtuels
Les plaisirs, les émois d’images artificielles,
Troquant l’émotion vraie d’une beauté naturelle,
Pour l’hypnotique effet d’un million de pixels.
S’immisçant dans nos vies, jusque dans nos pensées
Un rectangle sans âme a soudain remplacé,
Par le droit à l’image, le temps de contempler,
Et l’opinion discrète, par le droit de juger
Comme un cerveau de poche, ce nouveau compagnon
Qui nourrit le jugement ou tue la réflexion,
Cet intrus permanent, selon ses bons désirs
Offre à chacun de nous, le meilleur et le pire.
Georges Ioannitis
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